PODCAST #6 – Etudiantes archivistes : “C’est triste de faire un métier si important qui soit si peu considéré”

  • AAFB 

Nous recevons dans ce podcast Émilie Vermaut et Luna de Kerchove, toutes deux étudiantes en première année de Master en Histoire, à finalité Archives, à l’Université catholique de Louvain (UCL), et stagiaires à l’AAFB au début du lancement du projet Archives de quarantaine.

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Dans ce podcast, les deux étudiantes racontent d’abord pourquoi elle ont choisi ces études. “Pour moi c’était vraiment une évidence, une passion depuis que je suis toute petite”, indique Luna de Kerchove. Elle se souvient quand elle a été vraiment en contact avec des archives : “surtout dans le contexte de mes séminaires, j’ai dépouillé des archives et tout d’un coup je me suis rendue compte que ma vision en a été changée : c’est beaucoup plus intéressant que ce que je pensais, cette Histoire brute qu’on a au travers des archives me fascinait !”

Emilie Vermaut, elle, a longtemps hésité entre la médecine et l’Histoire : “je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec des études en Histoire, je pensais qu’on allait manger des dates, et en fait c’est plus intéressant que ça : on va en archives, on touche des documents, on voit des documents que personne d’autre avant nous n’a vraiment étudiés”, s’enthousiasme-t-elle.

Les deux étudiantes reviennent sur ce qu’elles ont plus ou moins aimé dans leurs études d’Histoire. “En Master il faudrait peut-être qu’il y ait un renouvellement et une remise en question du Master, et peut-être se tourner plus vers la pratique et vers l’archivistique. Je trouve qu’en Master pour le moment il y a encore beaucoup de cours théoriques, ce qui ne va pas m’aider en tant que future archiviste.” Elles regrettent également que les stages soit trop courts même si ils permettent de se faire une meilleure image du métier. “Ca m’a renforcé dans mon choix parce que je me suis rendue compte qu’il y avait beaucoup de choses à faire, et autre chose que juste donner des documents, juste être en salle de lecture, ou juste ranger des boîtes ou des documents dans des boîtes.

“On pourrait faire tellement plus ! “

Mais d’autres découvertes moins joyeuses, comme le manque de budget, le manque de temps, ou de personnel, leur laisse également un goût amer. “C’est triste de faire un métier si important qui soit si peu considéré par les autres.” “On pourrait faire tellement de belles choses si on avait le budget qui suivait, le personnel qui suivait, on pourrait faire tellement plus ! Et se faire plus connaître par le grand public !”

La crise Covid n’a pas épargné les étudiants et étudiantes : fermeture des établissements, arrêt des cours, télétravail, etc. “Ce n’était pas facile du tout, surtout qu’au début rien n’était organisé “. Les étudiantes racontent comment il a fallu s’adapter pour continuer les travaux de recherche, sans la bibliothèque, grâce à des échanges de livres, des sites pour en télécharger. “C’était sans cesse se demander : comment je vais arriver à trouver cette ressource…” “Il a fallu trouver une autre manière de faire ses recherches”.

“Un métier de l’ombre mais très important”

Emilie et Luna ont entamé un stage à l’AAFB en mai 2020, rejoignant le projet Archives de quarantaine. “On dépendait surtout d’échanges de mails, de rendez-vous Skype ou Zoom, c’était un peu déroutant au départ, parce que dans ma tête quand on parlait de stage c’était poser directement une question à la personne, là c’était beaucoup plus complexe, on n’a jamais rencontré en vrai les personnes avec lesquelles on a travaillé, ça c’était déroutant…

Travailler sur le projet Archives de quarantaine a renforcé leur envie d’être archiviste. “Je ne pensais pas qu’autant de centres d’archives le feraient [se lancer dans la collecte de témoignages de cette période de crise] et de manière aussi dynamique, pro active, j’étais vraiment impressionnée”, “je n’avais pas encore vu d‘archiviste faire un travail comme ça”, ajoutent-elles. Ce projet est donc venu compléter leur image du métier, qu’elles décrivent comme “un métier de l’ombre mais très important” et très méconnu. Les deux étudiantes ont relevé que les deux problèmes majeurs sont des problèmes de communication et de visibilité du métier d’archiviste.

“Qui répond à ces questions ? Les historiens entre autres. Et à l’aide de quoi ? A l’aide d’archives.”

En travaillant sur le projet AQA, elles ont également saisi les défis qui les attendent dans ce métier, notamment la question des archives numériques. Émilie Vermaut a d’ailleurs écrit un article sur les métadonnées lors de son stage à l’AAFB.

Pour finir, dans ce podcast, les deux étudiantes s’adressent aux archivistes de demain. “Les futurs historiens sont un peu le noyau de la société. Déjà il leur faudra beaucoup de courage car ce n’est pas facile comme études, mais après on est au centre de plein de questions sociétales, par exemple actuellement avec le questionnement autour des statues de Leopold II : au final derrière, qui répond à ces questions ? Les historiens entre autres. Et à l’aide de quoi ? A l’aide d’archives.”

Et Luna ajoute : “Moi je leur dirais : fonce, ça vaut vraiment la peine ! C’est super intéressant, on apprend tous les jours, on est vraiment au cœur du métier, pour moi l’archiviste est vraiment le squelette de l’historien, parce que sans l’archiviste il ne pourrait pas y avoir les autres métiers en Histoire”.

Retrouvez l’intégralité des propos de nos intervenants dans le podcast > https://archivesquarantainearchief.be/fr/podcasts/

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