Nous recevons dans ce podcast François Welter et Camille Vanbersy du Centre d’Animation et de Recherche en Histoire Ouvrière et Populaire (CARHOP).
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Dans ce podcast, François Welter et Camille Vanbersy nous racontent d’abord tous les deux comment ils sont “tombés” dans les archives, puis ils reviennent sur l’histoire du CARHOP devenu petit à petit un centre d’archives privées. Ils nous expliquent également la double identité Education permanente – Centre d’archives privées du CARHOP et le lien indissoluble entre les deux : “Notre mission en éducation permanente est de construire un éclairage historique sur le questions sociales d’aujourd’hui, donc pour construire cet éclairage historique nous avons besoin des archives“.
En mars 2020, le passage au télétravail a chamboulé toutes les pratiques. Le CARHOP a tenu à sensibiliser les organisations à l’importance de bien conserver tous les documents numériques qu’ils produisaient. Les “chantiers archives” du CARHOP qui consistent à aller chez les partenaires pour traiter leurs fonds d’archives sur place, ont été mis en stand by avec le télétravail. Le volet formation au niveau des archives a également été remis en cause : “on a du se réadapter, se réinventer”, même si les formations à distance ont montré aussi leurs limites.
Devenir “créateurs” d’archives par des interviews audio
Après le premier confinement, les organisations syndicales avaient souligné auprès du CARHOP le fait qu’il y avait nécessité de libérer une parole de frustration, (mais pas que) du côté d’une série d’acteurs de première ligne, du secteur non marchand, qui avaient travaillé dans des conditions extrêmes. Les organisations syndicales ont fait appel au CARHOP pour récolter cette parole. “Nous n’avons pas seulement été le réceptacle d’archives mais aussi nous avons été producteurs d’archives avec nos différents partenaires”.
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Le télétravail et ses limites
Le télétravail a eu un point positif quand même : “c’était l’occasion de faire des choses qu’on repoussait depuis longtemps, notamment l’encodage de tous les inventaires qui étaient fait en mode papier”. Par exemple les inventaires des archives de la JOC, qui représentaient 55 inventaires : “les collègues ont eu de quoi faire !” Puis le télétravail a montré ses limites : les inventaires étant faits, les fonds se trouvaient maintenant sur place, nécessitant un déplacement. Permettre le retour sur place était aussi nécessaire pour le bien être des travailleurs.
Des chantiers ont également été repoussés à cause de la crise Covid, les personnes ayant l’urgence de la crise à gérer. Les archives ne sont encore une fois pas la priorité. “Même si on se rend bien compte que gérer les documents numériques (…) ça va aider à gérer le passage de cette crise, c’est aussi tout le travail de sensibilisation qu’on va faire de notre côté”.
“Il faut garder trace de cela sinon il y a un trou historique… “
Pour François Welter, Archives de quarantaine est une “initiative fondamentale dans la mesure où elle avait comme objectif de capter des traces d’un moment exceptionnel”. “C’est quelque chose qui relève de l’éphémère”, “surtout il faut garder trace de cela sinon il y a un trou historique… “. “Si il n’y avait pas eu ce type de démarche-là, qu’est-ce qu’il en serait aujourd’hui des archives du premier confinement ? Il n’en resterait plus grand-chose, parce que la société avance et on passe à autre chose. Or ces moments de crise sont quand même des moments qui parfois aboutissent à des transformations, parfois pas d’ailleurs, et donc retracer ces transformations dans une certaine historicité” exige que l’on garde des traces. Il souligne également que le projet AQA a été une opportunité dans le travail de sensibilisation de leurs partenaires, car cette plateforme montrait l’enjeu global de conserver cette mémoire.
Camille Vanbersy évoque également l’exemple d’une association qui les a contacté car ils avaient fabriqué des masques pendant le confinement, et ont été sensibilisé au fait de garder des traces de ce qu’ils avaient fait, mais ne savaient pas où déposer ces archives. Le CARHOP s’est dit : si on ne conserve pas ces traces, qui le fera ? > Une archive à découvrir dans l’exposition virtuelle Archives de quarantaine.
L’inquiétude de ne pouvoir conserver convenablement le numérique omniprésent
“Personnellement et humainement, pendant le premier confinement, le fait de collecter des archives personnelles je me sentais un peu actrice et j’avais l’impression de jouer un rôle plutôt que d’attendre que ça passe”, “ça montre aussi que l’archiviste n’est pas que dans le fond de sa cave : c’est quelqu’un qui est acteur de la société, qui est au centre, qui a un rôle à jouer et un rôle important”, ajoute-t-elle.
Mais au delà de la sensibilisation, le CARHOP s’est heurté au manque de moyens qui ne lui permet pas d’acquérir d’archives électroniques, mis à part les entretiens audios réalisés. “Ce que la crise a révélé c’est qu’on a du numérique partout, des documents informatiques partout, mais qu’on n’a aucune certitude de pouvoir bien tout conserver convenablement. Et donc qu’ici il y a quelque chose sur lequel il faut plancher, et rapidement”, ajoute Camille Vanbersy dans le podcast.
François Welter conclut également en indiquant que cette plateforme est un fer de lance : voilà ce que les archivistes peuvent faire, mais il leur faut plus de moyens ! “Si le premier confinement et la plateforme AQA ont permis une chose : c’est de se dire que l’archive ce n’est pas que dans un vieux dépôt, c’est quelque chose de très dynamique, quelque chose qui vit, qui rencontre des préoccupations immédiates et présentes. » Bref, l’archiviste est un acteur du présent.
Retrouvez l’intégralité des propos de nos intervenants dans le podcast > https://archivesquarantainearchief.be/fr/podcasts/