Plusieurs intervenants de bibliothèques et services d’archives, d’institutions nationales ou territoriales étaient invités à échanger dans le cadre de la table ronde “Anticiper l’histoire. Collectes d’archives” lors de la journée d’études “Le patrimoine au temps du confinement” organisé par l’Institut français du patrimoine. L’ensemble du programme de cette journée du 29 janvier 2021 est à retrouver ici.
Parmi eux Sarah Lessire coordinatrice de l’Association des archivistes francophones de Belgique Asbl (AAFB), et Lionel Vanvelthem, archiviste à l’Institution d’histoire ouvrière, économique et sociale (IHOES) ont eu l’occasion d’expliquer le projet “Archives de Quarantaine” initiée en avril 2020 par l’AAFB et le VVBAD. Il est question d'”Archives de quarantaine” à partir de 28’15 dans la table ronde à écouter ci-dessous :
Extraits :
“En tant qu’archivistes, on est acteurs de l’écriture de l’Histoire, c’est clairement le cas ici. Je vais prendre un exemple extrême mais si vous prenez les peintures pariétales de 37000 ans à Chauvet, elles étaient là il y a 37000 ans et elles le sont encore aujourd’hui. Si vous prenez un dessin d’enfant dans la rue pendant le confinement où il écrit “Tout ira bien” et bien le lendemain le dessin d’enfant n’est plus là. Les archivistes doivent être actifs dans cette collecte, c’est vraiment de l’éphémère. Que cela concerne les dessins ou les gens qui applaudissent à 20h, si on ne les enregistre pas on les perd. Les nounours aux fenêtres comme l’ont fait les enfants en Flandre, si on ne les photographie pas, on les perd. Tout ce qui est réseaux sociaux, où les informations arrivent et s’en vont, si on ne fait un projet actif, on perd aussi. Les photos des rues vides, on les perd. Les mèmes Internet, on les perd. Et puis au-delà des archives publiques qui seront conservées, il y a les témoignages de citoyens, d’associations, si l’archiviste ou l’historien ne vient pas avec son micro pour interviewer ces gens maintenant, et bien on perd énormément”, explique Lionel Vanvelthem lors de cette table ronde.
Archiviste à l’IHOES, il poursuit : “Dans notre centre d’archives privées dédié aux syndicats et à la gauche et l’histoire ouvrière, on a vraiment mis le focus sur les collectes de témoignages. Un syndicaliste de manière bénévole à interviewer une dizaine de syndicalistes de la FGTB, autour des nouvelles organisations du travail, notamment le télétravail : comment est-ce qu’on gère ça ? Quelles sont les difficultés ? Comment on fait pour défendre les affiliés des syndicats quand on ne sait même pas les rencontrer ? Puis on a élargi à d’autres collectes de milieu associatif notamment la défense des sans-papiers, la création de masques, la lutte contre la pauvreté. On essaye de collecter un maximum de témoignages de manière à avoir un corpus de sources pour les futurs historiens.”
“Chacun réagit différemment à cette crise, mais parfois il y a un besoin de raconter comment on voit les choses, c’est ce que j’ai pu appeler un objectif thérapeutique. Grâce à cette plateforme, on répondait à un besoin de se raconter et de partager son ressenti, je l’ai constaté en échangeant avec les citoyens qui nous contactaient pour déposer un témoignage”, explique également Sarah Lessire, coordinatrice de l’AAFB.